Contexte
12 histoires…
Suivez les aventures de Sam, personnage hypersensible et un peu atypique dans son milieu professionnel.
Parfois inspiré de faits réels, les situations décrites ont pour objectif de vous proposer une réflexion sur les difficultés rencontrées quotidiennement par ces personnes un peu atypiques.
Alors que vous soyez sensible ou non, introverti ou non, nous vous invitons à découvrir ces histoires qui touchent forcément quelqu’un de votre entourage. Et oui, 20% de la population serait considérée comme hypersensible !
Et pour en savoir plus sur le collectif LPDH, c’est par ici !
Sam fait face à un collègue toxique
“Alors, j’ai appris qu’on avait fait une boulette sur le dossier Enterprise? Tu as envoyé des dossiers confidentiels au mauvais interlocuteur? “
Sam releva la tête bien qu’il ait déjà reconnu la voix stridente ayant percé dans l’open space.
Il s’agissait de Tom.
Le visage de Sam se ferma.
Il travaillait depuis hier pour réparer cette boulette, et seules deux personnes étaient au courant : Kim, sa manager et Tom qu’il avait informé car il travaillait en binôme sur le sujet avec lui. Cette erreur n’était pas un secret, c’était même lui qui avait pris les devants pour l’annoncer dès qu’il s’en était rendu compte.
Mais il avait espéré un peu de discrétion sachant qu’il travaillait d’arrache-pied depuis hier pour limiter les impacts. Et au minimum, il s’attendait à ce qu’on ne hurle pas son erreur dans l’open-space.
“Enfin j’avoue, j’ai déjà fait des erreurs, enchaîna Tom, mais alors se planter avec des clients de cette taille! Tu as calculé la perte d’argent que tu vas infliger à l’entreprise?”
Tom parlait de plus en plus fort comme s’il espérait avoir l’attention de toutes les personnes présentes dans la pièce.
“L’erreur est humaine, répliqua Sam. Et je travaille justement pour limiter les impacts.”
Il espérait mettre un terme à cette discussion.
“Limiter les impacts? Tu veux de l’aide? Non parce qu’il ne faudrait pas que tu les aggraves, tu pourrais encore envoyer un fichier confidentiel au client et faire planter les négos, s’esclaffa Tom. Après tout, tout le monde n’est pas habilité à envoyer des pièces jointes!”
Sam serra le poing. Il savait qu’il était préférable de ne pas réagir sur le chaud. Le mieux était de l’ignorer. Il finira bien par partir.
Surtout que s’il avait fait l’erreur, c’était à cause de la fatigue. Et s’il était fatigué, c’était bien parce que le travail était totalement déséquilibré entre Tom et lui. Tom passait son temps à se mettre en valeur et à récolter les mérites du travail de Sam.
Tom s’installa à côté de lui et sortit son ordinateur portable.
“Alors je te montre une astuce pour les mails importants, déclara Tom. On écrit le mail en brouillon, on vérifie et on met la bonne pièce jointe et seulement ensuite, on met le destinataire. Si tu veux, avant de cliquer sur le bouton envoyer, tu m’appelles pour que…”
“CA SUFFIT!!”
Sam avait crié. Les personnes de l’open space s’étaient retournés vers lui, y compris les collègues qui faisaient mine d’ignorer l’échange dès le début bien que personne n’en loupait une miette.
“TOUT LE MONDE FAIT DES ERREURS ! JE SUIS EN TRAIN DE RÉGLER ÇA ET J’IRAI PLUS VITE SI TU NE M’INTERROMPAIS PAS SANS ARRÊT!”
Cette fois-ci, le silence était total dans l’open space. Et Sam était rouge pivoine. Lui qui était si discret d’habitude, il s’étonnait lui-même d’avoir haussé le ton.
Les moqueries accumulées à sa fatigue, c’en était trop pour lui.
Tom rigola doucement.
“Inutile d’être si dramatique, je te taquinais juste. Je te laisse régler ça dans ton coin, il suffisait de me demander calmement, pas la peine de te mettre dans ces états-là hein.”
Sam hésita un instant. Il hésita à déballer son sac et toute sa frustration. Cela faisait des mois que Tom lui lançait des piques. Même lorsqu’il avait dû remplacer sa manager Kim, il lui avait mis des bâtons dans les roues.
Il jeta un œil à ses collègues. Tous le fixaient, étonnés par sa saute d’humeur. Il décida de s’asseoir et de se concentrer sur l’écran de son ordinateur. Il fit mine de taper quelque chose pour montrer qu’il était passé à autre chose. En réalité, il allait devoir attendre quelques minutes pour se calmer et se remettre dans un niveau de concentration acceptable. Son stratagème marcha : au bout de quelques instants ses collègues étaient passés à autre chose. Sam n’osa pas tourner la tête de peur de croiser le regard de Tom. Il était encore sous le coup de la colère et pas très sûr de contrôler ses émotions.
Il prit son casque audio et mit de la musique classique. Il inspira profondément. Incapable de se concentrer pour l’instant, il décida de prendre un court moment pour réfléchir à ce qui s’était passé.
Certes il était fatigué. Mais il n’y avait pas que ça. Il n’aurait pas réagi de la sorte en temps normal. Non, c’était Tom. Cela faisait des mois qu’il lui faisait des remarques. Et toujours de manière implicite : Sam était souvent pris à dépourvu et ne savait pas comment réagir. Cela en était venu au stade que Sam ressentait une tension nerveuse en la présence de Tom.
Il se demandait parfois s’il n’était pas paranoïaque : est-ce que le regard de Tom était-il vraiment moqueur? Est-ce que la remarque lancée en réunion concernait vraiment Sam?
Aujourd’hui l’attaque avait été frontale. Sam avait réagi, peut-être trop mais il avait finalement donné une réponse à toutes les petites attaques faites quotidiennes.
Et bien qu’il craignait que cela le décrédibilise vis-à-vis de ses autres collègues, sa réaction avait pour mérite d’avoir tracé une limite à ne pas franchir. Car oui, il avait le droit d’être respecté.
Il avait juste peur que ses collègues ne le voient plus de la même façon.
Il soupira un grand coup et se remit au travail. Ce qui était fait était fait, on ne pouvait plus revenir dessus.
Et vous, qu’en pensez-vous?
Avez-vous déjà perdu vos moyens?
Comme pour les erreurs, c’est humain de perdre ses moyens et de craquer.
La meilleure manière d’éviter ces situations reste d’exprimer ses émotions au fur et à mesure et de ne pas tout garder pour soi, au risque d’exploser.
Pas toujours simple quand on est face à un manipulateur mais on peut aussi lui demander au calme de s’expliquer en face à face.